On aurait dit que le marché
On aurait dit que le marché
Tenait par une grosse corde
Accrochée à l'église
C'était du solide
Jamais je n'ai vu un seul étal
Dévaler le pente et perdre souffle
Dans la rivière qui attendait
Patiemment en contrebas
Un seul marchand aurait suffi
Chaque mois on ne s'arrêtait
Que devant ce gros nez violacé
Surfant sur des rouleaux de tissus
Ce gros nez qui tenait dans ses mains
Un mètre ligoté aux extrémités
Par deux cavaliers en ferraille
On ne sait pas
S'il lui avait pris l'idée de s'allonger
Ce fut quelques centimètres gagnés par la cliente
On déroulait on enroulait
Le silence se mélangeait aux paroles
La fleur était trop grosse
Ou bien trop colorée
Le tissu trop rêche
Ou la bourse peu riche
Et l'on quittait Gros Nez
Avec quelques mouchoirs
Grands comme des voiles
Certains se retrouvant demain
Les quatre coins noués
Sur les crânes en sueur
On aurait dit que le marché
Ne pouvait s'arrêter
GG ©