On ne se parlait pas
On ne se parlait pas
On se voyait un peu
Le mot perdait son sens
Grésillant sur les lèvres
On ne se touchait pas
On se frôlait peut-être
On s'armait de patience
Pour les heures d'après
Le vent soufflait en silence
Dans les grands peupliers
Pour s'enrouler au cœur
D'un canal du marais
On mettait de côté
Quelques bouts de ficelle
Ça peut servir un jour
De pont pour les ridelles
La vie est ainsi faite
Elle est partie hier
Le porte-monnaie s'agite
Quelques sous pour la quête
On ne goûtait pas les plats
On aspirait le temps
L'estomac s'enflait d'espoir
Pour le repas du soir
Ainsi partait la vie
En volutes gémissantes
On reviendra demain
Dans cet antre marine
Pour cueillir plus tard
La plus pâle des glycines
On ne se parlait pas
On se voyait un peu
On ne se touchait pas
On se frôlait peut-être
Et l'urne toute chaude
Dans les mains en tenailles
Tremblote de mots d'amour
Et de cœurs en broussaille
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